Ma femme, Shanta, est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Avant que je trouve Centraide, c’était très difficile. Elle était la patiente, mais j’étais celui qui souffrait — elle ne savait pas ce qui n’allait pas, mais moi si, et j’étais dans tous mes états.
Nous sommes arrivés au Canada en 2003 pour rejoindre nos enfants. Nous vivions dans une belle maison pour aînés; ma fille habitait tout près et mon fils, à distance de marche. Je dirais que les deux ans et demi que nous avons passés là-bas ont été parmi les meilleurs moments de notre vie.
À un moment donné, j’ai remarqué que le comportement de Shanta devenait imprévisible. Des années auparavant, un médecin avait dit qu’elle souffrait d’anxiété et de dépression, mais là, c’était différent. Un jour, elle m’a dit : “Les policiers sont venus et m’ont ramenée à la maison”. Ils l’avaient trouvée alors qu’elle marchait au bord de l’autoroute. Cela s’est produit trois ou quatre fois encore — les policiers la trouvaient et la ramenaient à la maison.
À cette époque, j’avais mes propres problèmes de santé à gérer et je ne comprenais pas ce qui arrivait à Shanta. J’étais épuisé par tous ces rendez-vous médicaux pour trouver ce qui n’allait pas. Puis, le médecin nous a dit que c’était la maladie d’Alzheimer. Nous avons vu des neurologues et des psychologues et ils m’ont dit : “Vous devez vous préparer”. Ils voulaient dire que j’étais dorénavant un aidant et que je devais me préparer à ce qui allait arriver. Ils nous ont fortement recommandé de trouver du soutien.
J’ai rassemblé mes forces et je me suis mis à la recherche d’un programme de jour pour adultes. Grâce à Centraide, j’en ai trouvé un pour Shanta. Elle a commencé à y aller deux jours par semaine, puis six jours par semaine peu de temps après. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que ça m’aiderait moi aussi. Je suis devenu membre du groupe de mieux-être des aînés de l’organisme soutenu par Centraide qui gérait le programme dont bénéficiait mon épouse. J’ai noué de bons contacts et j’ai suivi des cours. Et quand je me sentais dépassé, ils m’aidaient.
Cet organisme m’a aidé à comprendre comment soutenir mon épouse et comment être un aidant. Ils m’ont même remis un certificat de “Héros à la maison”. C’était ma reconnaissance, et j’en étais très heureux. Finalement, la situation est devenue trop difficile pour moi. Nous avons dû trouver une maison de retraite pour elle. C’était dur aussi parce que nous étions mariés depuis 55 ans et que nous allions être séparés.
L’organisme nous a aidés à trouver une maison de retraite, et même un logement pour moi. Je leur ai dit que je voulais simplement être près d’elle. En une semaine, ils m’ont trouvé un appartement dans le même quartier. En fait, c’est juste à côté de la maison de retraite. Vraiment, ils ont fait beaucoup pour moi.
Puis le coronavirus est arrivé. Ma femme avait peur. J’avais peur. Mon fils a décidé que Shanta habiterait avec lui pendant la pandémie. Quant à moi, j’ai continué mes rencontres avec le groupe de mieux-être des aînés. Maintenant, ça se passe en ligne. Nous communiquons quotidiennement, et le mercredi, nous nous réunissons sur Zoom.
Avant, je cherchais des moyens d’aider ma femme. Mais Dieu a voulu que ma route croise celle de ces gens, j’ai pu tisser des liens et trouver une communauté également. L’impact sur ma vie est énorme. Grâce à Centraide, Shanta et moi avons eu cinq bonnes années — et nous espérons en avoir d’autres.
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