La pandémie nous a tous et toutes touchés, mais pas de manière égale. En cette Semaine de la santé mentale, Centraide United Way porte une attention particulière aux travailleurs et aux travailleuses des organismes communautaires qui jouent un rôle vital auprès des personnes les plus vulnérables au Canada.
Nous savons que la pandémie a eu de graves répercussions sur les gens. Deux ans après le début de la pandémie, une étude de l’Institut Angus Reid (en anglais seulement) a révélé que 54 % des gens disent que leur santé mentale s’est détériorée. Chez les femmes âgées de 18 à 54 ans, ce taux était de 60 %. Ces données sont importantes, car, selon Statistique Canada, les femmes occupaient environ 80 % des emplois dans les organismes sans but lucratif (OSBL) au service des administrations publiques et des OSBL au service des ménages.
L’augmentation de la demande et le manque de ressources des organismes de services communautaires ont été signalés par les Centraide et les United Way comme un impact majeur de cette pandémie. L’Enquête sectorielle d’Imagine Canada et la récente Enquête canadienne sur la situation des entreprises de Statistique Canada le confirment. Dans cette dernière enquête, 23 % des OSBL communautaires ont indiqué que leurs revenus de 2021 étaient inférieurs de 25 % ou plus par rapport à 2019. Cette baisse des revenus survient alors que 36 % d’entre eux s’attendaient à une augmentation de leurs dépenses de fonctionnement. Les répondants à cette enquête ont souligné que la demande de programmes et de services reste élevée, puisque 35 % des organismes communautaires s’attendaient à une augmentation de la demande au cours des trois prochains mois. Par ailleurs, beaucoup continuent de s’inquiéter du recrutement et du maintien en poste de personnel qualifié.
Qu’est-ce que tout cela signifie?
De nombreux effectifs du secteur sans but lucratif étaient déjà exposés à un risque d’épuisement professionnel et de fatigue de compassion avant la pandémie. Mais la demande de services sans précédent résultant de cette crise prolongée a fait payer un tribut encore plus lourd aux employés et employées du secteur des services sociaux et communautaires. La majorité sont des femmes dont beaucoup devaient aussi s’occuper d’enfants ou de parents âgés à la maison, doublant ou triplant la journée de travail.
Chaque année, les Centraide et les United Way soutiennent des organismes communautaires afin qu’ils puissent offrir plus de 5 600 programmes communautaires dans toutes les régions du Canada. Or, les Centraide et les United Way signalent que leurs organismes communautaires partenaires connaissent des niveaux plus élevés d’absentéisme, d’épuisement professionnel et de congés pour raisons de santé mentale.
Un membre du personnel d’un organisme de bienfaisance intervenant auprès de personnes en situation d’itinérance à Halifax a dit ceci à propos du travail de son organisme pendant la pandémie : « Nous ne pouvions pas demander l’aide de bénévoles en raison du risque d’infection, ce qui nous obligeait à tout faire nous-mêmes, préparant 300 à 450 repas pour les personnes qui se présentaient à notre porte chaque jour, contre 100 à 150 repas par jour avant la COVID-19. »
Il a ensuite ajouté ceci : « Souvent, je ne fais pas de pause dans la journée, tellement il y a à faire. Nous sommes à court de personnel. Il y a tant d’emplois dans le secteur privé qui sont plus faciles et mieux payés qu’il est difficile d’attirer et de retenir les meilleurs éléments. »
Dans ce secteur, le recrutement aussi devient problématique, les candidatures se font moins nombreuses, et il est difficile de pourvoir les postes vacants comme jamais auparavant. Les services communautaires dont nous dépendons tous sont compromis. Des services essentiels qui touchent à la sécurité alimentaire, à la santé mentale, à l’itinérance et qui fournissent des services aux aînés, aux enfants et aux jeunes, aux personnes en situation de handicap et aux femmes fuyant la violence familiale.
Alors, que pouvons-nous faire devant ces défis?
Premièrement, nous pouvons ensemble prendre le temps de reconnaître et de saluer le travail extraordinaire qu’effectuent les travailleurs et les travailleuses des services communautaires de première ligne. Centraide United Way a le plaisir de travailler de concert avec des partenaires comme la Bhayana Family Foundation pour célébrer les champions invisibles (en anglais seulement) de nos organismes communautaires partenaires, et nous sommes ravis de voir des provinces comme la Nouvelle-Écosse et l’Ontario adoptent des journées de reconnaissance pour le secteur (en anglais seulement).
Deuxièmement, la philanthropie (donateurs particuliers, fondations) et le gouvernement doivent transformer leur relation avec nos services communautaires essentiels. Nous devons inverser la tendance au financement à court terme et recentrer nos efforts sur l’établissement de relations à long terme, axées sur la réalisation de la mission et non seulement sur les projets; nous devons aussi investir pour maintenir et renforcer la capacité des organismes à soutenir les gens par des salaires décents, des avantages sociaux et une plus grande sécurité d’emploi.
Troisièmement, comme l’indique le récent mémoire de Centraide United Way Canada au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, nous avons besoin d’une stratégie nationale globale de la main-d’œuvre pour le secteur des services sociaux et communautaires, et d’investissements dans le soutien en santé mentale des travailleurs et des travailleuses de première ligne dans le secteur des services communautaires.
En cette semaine de la santé mentale, prenons soin les uns des autres et accordons une attention particulière au soutien dont ont besoin les travailleurs et les travailleuses de nos services communautaires essentiels.
– Dan Clement, Président-directeur général, Centraide United Way Canada