La force de l’économie dépend sur la force du secteur social

août 11, 2025
Dan Clement
Publié initialement dans The Hill Times, le 11 août 2025.

Lorsque la crise économique surgit, les gens partout au Canada comptent sur le secteur social. Sous la menace du plein effet de la guerre commerciale, les données des services 211, une ligne d’information sur les services sociaux accessibles partout au Canada, démontrent déjà que les besoins sociaux liés à l’emploi, le soutien au revenu et la santé mentale sont à la hausse. Devant une forte augmentation de la demande, la valeur de l’investissement dans le secteur social est indéniable.

Sous l’augure de la volatilité tarifaire et des cibles précises de réduction des dépenses structurelles de l’examen exhaustif des dépenses récemment entrepris par son gouvernement, le premier ministre Carney et son Cabinet travaillent en ce moment à préparer leur premier budget fédéral. CanaDon indique par ailleurs que la demande de services sociaux atteint déjà des niveaux records; de fait, 57 % des organismes de bienfaisance ne suffisent plus à la demande étourdissante. Le secteur des services communautaires est aux aguets afin de démontrer le rôle indispensable qu’il joue au renforcement de nos collectivités, et aussi de notre économie.

Le secteur de bienfaisance et à but non-lucratif au Canada est une infrastructure sociale qui réduit la charge financière gens du Canada, ce qui les aide à atteindre leur plein potentiel. Le secteur est un important moteur économique qui demeure méconnu : il emploie 2,4 millions de personnes et contribue 8,9 % du PIB ou 211 milliards de dollars. Le sous-secteur des services communautaires emploie plus de 620 000 personnes et fournit des services essentiels à plus de 8 millions de personnes au Canada.

Les recherches indiquent qu’il est rentable d’investir dans le secteur social canadien : chaque dollar investi génère entre 2 et 6$ de valeur économique et sociale.

Les services communautaires ne sont pas des services luxueux, mais bien des infrastructures essentielles intégrées dans nos communautés qui donnent du soutien, qui contribuent au vivre-ensemble harmonieux et aident à répondre aux enjeux d’abordabilité en favorisant une participation économique équitable. Le secteur aide les gouvernements à atteindre leurs priorités dans plusieurs secteurs, dont : l’emploi, le perfectionnement de la main-d’œuvre, la construction de logements et la prévention de l’itinérance, les garderies, les services à la jeunesse, les services aux personnes aînées ou en situation de handicap, la santé mentale, le soutien psychosocial et l’aide aux personnes qui ont subi de la violence fondée sur le genre. De plus en plus, le secteur intervient en première ligne quand il y a des urgences comme les feux de forêt, jouant un rôle essentiel dans la résilience communautaire, l’intervention et le rétablissement après des catastrophes que nous connaissons maintenant trop bien.

Le secteur parvient à jouer ce rôle démesuré malgré des décennies de financement précaire en étant aux prises avec un insoluble problème, surnommé un « trilemme » par le projet Charity Insights Project de l’Université Carleton. Premièrement, la demande de services dépasse la capacité et l’écart entre les deux ne cesse de se creuser. Deuxièmement, le secteur vit une instabilité financière persistante parce que son financement est imprévisible et tend à diminuer, tandis que le coût des programmes et la demande de services ne cessent d’augmenter. En troisième lieu, le secteur des organismes à but non lucratif dans son ensemble fait face à une crise de sa main d’œuvre caractérisée par la difficulté des organismes à recruter et retenir son personnel, et où il est impossible d’investir dans leur longévité.

Ce trilemme menace le filet de sécurité sociale du Canada, et le statu quo n’est pas soutenable pour les travailleuses et travailleurs qui fournissent ces services jour après jour. Selon l’indice Changemaker Wellbeing Index publié par the Future of Good, l’épuisement professionnel est omniprésent chez les personnes qui travaillent dans le milieu des soins et des services à la communauté. Le tiers des effectifs se dit prêt à démissionner et 36 % affirment se sentir « souvent ou toujours » épuisés. Notre filet social tient grâce à ces personnes; si elles s’effondrent, toute le monde en paie le prix. Lorsque les organismes à but non-lucratif sont forcés de limiter ou d’interrompre des services, nous ressentons collectivement ces lacunes, que ce soit quand nous cherchons des ressources pour prendre soin de nos parents vieillissants, un programme parascolaire pour nos enfants ou que nous ayons besoin d’appui en santé mentale.

Au moment où nous nous préparons collectivement à affronter les conséquences économiques des tarifs douaniers, et que nous œuvrons à renforcer l’économie canadienne, nous ne devons pas oublier d’investir dans les services qui protègent nos collectivités. Pour les gouvernements, cela signifie changer les modèles de financement et privilégier à la place l’octroi de financement stable à long terme, afin que les services communautaires puissent avancer leurs missions ainsi que l’innovation. Cela signifie investir stratégiquement dans des noyaux communautaires qui hébergent plusieurs organismes afin de favoriser l’efficacité et la stabilité dans la prestation de services. Cela signifie promouvoir l’utilisation d’accords sur les avantages communautaires, pour que les grands investissements économiques se traduisent en emplois locaux et en d’autres retombées pour les communautés où ils sont réalisés. Enfin, cela signifie aussi investir pour renforcer la main-d’œuvre du secteur, puisque nous comptons sur elle pour offrir des services efficaces à la population d’un bout à l’autre du Canada.

Investir dans le secteur communautaire, c’est investir dans le bien-être de nos communautés à long terme. Pour avoir au Canada une économie résiliente qui sert les intérêts de la population canadienne, nous devons investir sans tarder dans l’infrastructure qui sous-tend la prestation des services communautaires essentiels qui, en retour, profiteront aux communautés et à l’économie.

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