Lorsque les Canadiennes et Canadiens sont aux prises avec les répercussions inégales des perturbations économiques et sociales, elles et ils se tournent vers le secteur des services communautaires pour obtenir du soutien. Qu’il s’agisse de programmes de services de garde d’enfants, de santé mentale, de logement ou pour les jeunes, de services d’emploi ou de formation, de soutiens culturellement adaptés, ou de services d’établissement des nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes, les organismes que nous représentons collectivement à l’échelle du Canada répondent chaque jour aux besoins urgents des communautés.
Aujourd’hui, alors que les Canadiens et Canadiennes font face à une hausse de l’inflation, aux répercussions de l’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada et à l’incertitude économique croissante, notre secteur est prêt à se mobiliser de nouveau. Nous nous attendons à ce que le nouveau gouvernement fédéral s’associe à nous afin de reconnaître le rôle essentiel du secteur canadien des services communautaires et d’investir dans sa stabilité et sa croissance.
En tant que présidentes et présidents bénévoles des conseils d’administration d’organismes sans but lucratif fédérés, nous constatons directement le travail fondamental que le secteur des services communautaires réalise et l’impact important de ce travail. Nous sommes les présidents et présidentes des conseils d’administration de certains des plus importants organismes de prestation de services au Canada – BGC Canada, les Grands Frères Grandes Sœurs du Canada, l’Association canadienne pour la santé mentale, l’Association nationale des centres d’amitié, Centraide United Way Canada, YMCA Canada et YWCA Canada. Nos organismes sont tous des organismes locaux qui sont intégrés à des communautés rurales, éloignées, urbaines, nordiques et autochtones, et qui offrent des services collectivement par l’entremise de 315 organismes membres desservant 8 millions de personnes par année, soit l’équivalent de 1 personne sur 5 au Canada.
Le secteur des organismes de bienfaisance et sans but lucratif est l’un des moteurs économiques méconnus du Canada. Ce secteur emploie 2,4 millions de personnes et représente 8,9 % (192 milliards de dollars) du produit intérieur brut (PIB) du Canada. Le sous-secteur des services communautaires emploie plus de 600 000 personnes, dont 80 % sont des femmes. De plus, 47 % des membres du personnel sont des nouvelles arrivantes ou nouveaux arrivants et 35 % sont des personnes autochtones ou racisées. Nos organismes sont motivés par l’impact qu’ils ont, guidés par de solides mécanismes de responsabilisation, et dotés de décennies d’expérience dans l’évaluation des besoins des communautés et la réponse à ces besoins.
Rien n’a mis en évidence le rôle essentiel du secteur des services communautaires plus clairement que la perturbation importante et abrupte de nos systèmes sociaux et économiques par la pandémie de COVID-19. En réponse aux besoins des communautés, notre secteur s’est rapidement réorienté pour offrir des services de logement, des programmes alimentaires, des services de garde d’enfants d’urgence, des programmes d’emploi et plus encore. De plus, le gouvernement a pris conscience rapidement de la capacité du secteur à éclairer les politiques et à mobiliser des ressources.
Fait important, les besoins en matière de services n’ont pas diminué et, maintenant, la pression augmente de nouveau, car la demande de services dans l’ensemble du secteur continue de dépasser les niveaux d’avant la pandémie. Selon des données récentes, 19 % des familles ayant des enfants à la maison et 11 % des ménages sans enfant s’attendent à avoir besoin de services de bienfaisance au cours des six prochains mois. On prévoit que ces pourcentages ne feront qu’augmenter, compte tenu de la guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada.
Une bonne gouvernance est un facteur de réussite essentiel. Les organismes du secteur des services communautaires sont guidés par des conseils d’administration composés de bénévoles, à savoir des personnes qui vivent et travaillent dans les communautés que nous desservons. Ces bénévoles mettent à profit leur expertise stratégique, leur expérience professionnelle et leur engagement profond envers la responsabilisation, la transparence et la réalisation d’un impact important. Partout au Canada, des conseils d’administration, des équipes centrées sur une mission et des partenaires communautaires se réunissent pour établir des partenariats de confiance et collaborer avec le secteur privé et tous les ordres de gouvernement. Nous avons prouvé qu’avec les bons partenariats et les bons investissements, nous pouvons agir rapidement, accroître notre impact et aider les communautés à se rétablir et à prospérer.
Pour poursuivre ce travail utile et être prêtes et prêts pour la prochaine crise, nous demandons au gouvernement du Canada d’investir dans le secteur des services communautaires. Il s’agit non seulement de la bonne chose à faire, mais également d’un investissement stratégique dans l’infrastructure économique et sociale du Canada. Cela peut stimuler l’économie et garantir qu’un soutien essentiel soit offert aux personnes les plus durement touchées. Un tel coup de main peut les aider à se forger un avenir meilleur.
Une réponse gouvernementale axée uniquement sur les événements crée de l’incertitude en ce qui concerne les activités des organismes communautaires. Ils doivent alors souvent prioriser des programmes qui ont un impact important, puis mettre fin à ces programmes, ce qui donne lieu à des lacunes dans la réponse communautaire. Un financement à court terme et peu fiable réduit l’impact de nos organismes et rend difficile pour eux d’innover, de répondre aux besoins et de renforcer leur résilience à long terme pour que chacun et chacune réalise son potentiel. L’inflation, les guerres commerciales, les catastrophes climatiques et les autres crises émergentes continueront de mettre à l’épreuve le filet de sécurité sociale du Canada. Les services communautaires ne sont pas accessoires, mais constituent une infrastructure essentielle qui est intégrée au tissu de nos communautés. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un secteur florissant, stable et prêt à répondre au prochain défi.
En tant que dirigeantes et dirigeants de conseils d’administration au Canada, nous constatons directement ce besoin dans les organismes de bienfaisance que nous soutenons. Les membres des communautés qui donnent de leur temps ou de leur argent peuvent contribuer à améliorer les choses, mais il s’agit de défis systémiques qui nécessitent des solutions au niveau des politiques. Pour que ces défis soient relevés, nous encourageons le gouvernement fédéral à se rappeler ce qui est possible lorsqu’il établit un partenariat significatif avec le secteur des services communautaires. En s’engageant à assurer des niveaux de financement durables et prévisibles, le gouvernement peut renforcer la capacité de nos organismes à continuer de répondre aux besoins croissants et à bâtir un Canada plus fort et plus résilient pour tous et toutes.
Michelle Banik, présidente du conseil d’administration national, BGC Canada
Breanne Oliver, présidente du conseil d’administration national, Grands Frères Grandes Sœurs du Canada
Ross Manning, président du conseil d’administration national, Association canadienne pour la santé mentale
Kelly Benning, présidente, Association nationale des centres d’amitié
Jason Hatcher, président du conseil d’administration national, Centraide United Way Canada
Laurie Skinner, présidente du conseil d’administration national, YMCA Canada
Denise Christopherson, présidente du conseil d’administration national, YWCA Canada